Sunday, May 18, 2014

Jours de maraîchage, nuits de lune rousse.

Bienvenus à C., petit hameau planté au bord de la voie ferrée qui reliait autrefois Nérac et Condom, désaffectée depuis longtemps et sur le point de disparaître parmi les ronces. Entre les quelques fermes éparpillées là, un énorme silo à grain abandonné, rongé par l'ennui, rougit dans le couchant et se donne des airs de road-movie à la Wim Wenders. On est dans le Lot-et-Garonne depuis le début de la semaine, en wwoofing à C. On a planté la furgo un peu à l'écart de la maison, plein Est, entre le potager et le poulailler:

la porte-fenêtre de notre chambre, dans la lumière du matin.
On vit (presque) au rythme des poules et comme de toutes façons, il n'y a pas d'eau chaude ici, on a pendu notre douche solaire sous un cèdre voisin. Vie simple sous le soleil qui nous aide à oublier les traumatismes thermiques de l'hiver... Le travail se fait à cheval sur quatre projets de ferme, le premier d'entre eux ayant démarré il y a 7 ans d'un groupe de quatre potes qui travaillent maintenant les uns à côté des autres. À chacun sa ferme et son travail, même s'ils mutualisent certains biens et espaces, produisent et distribuent ensemble par le biais d'une AMAP et d'une BioCoop'. Ils se soutiennent et partagent des tâches et activités (dont l'accueil des wwoofers) en plus de cohabiter, tenir un bar associatif et organiser plusieurs festivals: les saisons musicales en août et le festival des vins vivants en mai, notamment. Notre travail ici, c'est surtout du maraîchage sur trois sites: la "grosse" ferme en GAEC de P. et M., la ferme à fruits et petits fruits de A.-S. et M. et celle où nous avons garé le TRANSITion! donc, à quelques encablures des camions de T., S. et M. qui y démarrent doucement une activité de maraîchage. On sème, on pique et repique, on plante et transplante, on désherbe, on bine, on arrose, on paille et on récolte environ six heures par jour en tandem avec un jeune couple de Montréalais très agréables: B. et M.-E. La quatrième ferme, C. y cultive le blé, y fait de la farine puis du pain, qu'il vend à l'AMAP, à la BioCoop' et sur les marchés. Qu'on mange de temps en temps, quand nos hôtes pensent à aller le chercher... Hum. Nous autres, on ira la semaine prochaine inshallah, y poser un enduit de finition naturel sur son fournil en terre-paille. D'autres projets de cette grande famille incluent: atelier caprin laitier avec transformation et vente de fromage, apiculture, élevage ovin avec production et travail autour du feutre… À C., il y a à peu près autant de yourtes que de vieux corps de ferme et visiblement un château toutes les deux ou trois maisons. L'ensemble, et plus encore, est propriété de la famille de T. "depuis avant la révolution française" (sic.), ce qui a facilité - semble-t-il - l'installation de tout ce petit monde dans le coin.

jours de maraîchage, nuits de lune rousse et, déjà, quelques étoiles filantes (avions? satellites?).

Ah, Nérac! Bastion du bien-vivre-mieux-slow-avec-moins-mais-avec-style, et son petit air de Saint-Girons ou Montbrun-Bocage: son marché paysan du samedi, ses AMAPs, sa BioCoop' et Lou Vératous, petit bar-associatif de Moncrabeau... Et puis Nérac est le théâtre d'une guerre de tranchées (pardon! de sillons) entre semenciers multi-nationaux, monopolistes à tendance OGM d'un côté et semenciers paysans, bio, rustiques et militants de l'autre. Si la plaine fertile du Lot est depuis longtemps le terrain de jeu de Monsanto, c'est aussi - assez logiquement - une pépinière fertile de résistants et faucheurs de tout poil (de moustache ou de barbe) et de sélectionneurs de variétés oubliées, traditionnelles et... interdites. Voilà. Passent de longues journées sous le soleil déjà chaud de la mi-mai. En bande-son, le chant des oiseaux et des grillons. Et en cadeau la lune - montante, pleine puis descendante - nous a offert en quatre nuits de représentations, un éventail de son répertoire dans les tons roux...

Un beau et bon weekend à tous!
Wallis et Futuna

No comments :

Post a Comment