Saturday, June 21, 2014

un van avec vue sur l'Arnaud.

Depuis le petit hameau de C-A dans l'Yonne, on profite de ce samedi ensoleillé de fête de la musique pour se retourner sur les dernières semaines et tenter de raccrocher quelques wagons à Un(t)raveling. Décidément pas facile d'être réguliers! Faut dire qu'on n'a pas vraiment l'occasion de se poser pour écrire au quotidien: si la contemplation fait partie du projet, l'oisiveté n'est pas vraiment au programme. Hélàs? Une chose de plus qu'il va falloir (ré)apprendre...
juste un petit teaser de nos dernières aventures caprines...
Enfin... Rendus là, on a deux trains de retard: l'un arrêté en gare de G., pas loin de Rocamadour, que l'on va laisser là quelques jours encore (un Helpx en atelier caprin lait et fromage, à venir prochainement). Et l'autre, qui nous a d'abord conduits à Angoulême, pour y retrouver ce cher vieil A., avant de filer avec lui vers d'autres aventures à travers la Vienne et la Mayenne. Mais il nous faut commencer par, et bin, le commencement: un vendredi soir lourd de mouches et d'orage. On a garé le TRANSITion! devant chez les parents d'A., à quelques pas de la cathédrale, le temps d'un (délicieux) dîner en terrasse et en famille, avec une vue imprenable sur la campagne environnante, sur le ciel chargé et sur... les Pyrénées. Quand on a envie d'y croire, tout devient possible! On est ensuite allés faire une promenade digestive et nocturne au bord de la Charente et pas loin du palais de la B.D., on a scruté l'horizon, mains jointes derrière le dos, cambrés sur les pointes des pieds, les nez au vent, aux côtés de Corto Maltese. Puis on s'est balancés un peu pas très très convaincus aux notes lointaines d'Ibrahim Maalouf, jusqu'à ce que la pluie nous chasse vers la maison. Le lendemain matin, on a mis le cap au nord et largué les amarres, non sans faire un rapide détour par les Eaux claires pour l'une des sessions d'escalade les plus désespérantes que l'on puisse imaginer. Pourtant on avait été prévenus: "les eaux claires? c'est horrible", "bah, c'est hyper dur", "de l'escalade à doigts hyper explosive", "un calcaire à trous monstrueux", "y'a 25 ans c'était déjà patiné", "pfff, un bi-doigt là-bas, c'est LA grosse prise de la voie" et autres avertissements du même tonneau. Donc on savait à quoi s'en tenir... Quand même, ça fait très mal aux doigts, très mal aux orteils et très mal à l'ego. On a tenu bon, on a pas abandonné trop vite et ce sont finalement la faim et la soif qui nous ont poussé hors du bois, jusqu'au supermarché le plus proche où l'on a carrément effrayé la caissière en ne faisant qu'une bouchée des chips, baguette et barres chocolatées, toutes ensemble et sans presque les retirer de leurs emballages, au fur et à mesure qu'elle les faisait passer sous le scanner devant elle.
notre A., héroïque @ les eaux claires. et après l'effort...
"Blip! Blip! Ah ça, Blip! Mais vous êtes morts de faim! Blip!". Ouais, ben on aurait aimé l'y voir, après ce qu'on venait d'endurer. On a roulé à la fraîche à travers la campagne poitevine pour arriver finalement tout à côté de A. sur l'A. Dans la lumière du soir, on a découvert le petit village de St P. de M. et son camping posé là, juste pour les grimpeurs. À peine installés sur le dernier emplacement tout au fond (on était seuls dans le camping), on a tendu deux slacklines, préparé un barbecue d'anthologie et bu un peu de vin rouge, tout en écoutant la patronne nous raconter par le chapitre: sa vie, son chômage de longue durée, son mari ouvrier-fraiseur à Poitiers, sa fille monitrice des éclaireurs de France et, surtout, leurs 19 étés (juillet ET août) passés ici au même emplacement en face de l'entrée de ce même camping, jusqu'à ce que la municipalité leur en propose (de guerre lasse?) la gérance. Bien. Dès le lendemain matin, on est rentrés dans le vif du sujet et on a recommencé à tirer sur des micro-prises et des mono-doigts douteux, le tout sous un beau soleil qui ne nous a pas quittés de la journée. Comme disait une amie d'enfance, on a fini "fatigués mais contents". Le gros orage de la nuit suivante ne nous a pas découragés de remettre ça; on a donc escaladé un peu plus, les mains dans des bacs plein d'eau, les pieds qui glissent et des moustiques déchaînés qui trocardent sans répit les malheureux restés à pied de voie. Okay, n'en jetez plus. On a déposé les armes, chargé nos affaires et on est partis en convoi vers Laval et la tanière d'A., pour honorer enfin une invitation vieille de quelques années déjà. Ce doit être le conditionnement Helpx/Wwoofing, ou peut-être une légère tendance à l'hyperactivité: on a eu du mal à rester en place, du mal à se contenter de journées oisives à flâner le long de la Mayenne, du mal à ne pas s'en mêler (un peu).
le jardin avant et...
On a donc choisi d'appuyer les efforts d'A. pour reprendre le contrôle de son jardin. Voir ci-contre. Après avoir un peu vidé et nettoyé le sous-sol, on a ordonné des trucs, rempli des sacs et fait un macro-voyage à la déchetterie. On a désherbé, bêché et nettoyé le jardin, puis replanté un peu de gazon, le tout sous l'oeil incrédule, pour ne pas dire méfiant, du voisinage:
... le jardin après! (au fond, le barbecue et le compost)
"Et sinon, vous êtes employés pour faire tout ça?", "Mais, c'est votre travail, ça? Vous êtes paysagistes ou un truc du genre?", "C'est vos vacances, là? Et vous bossez toute la journée?". Quand on a vu le volume de mauvaises herbes qu'on générait, on a fini par recycler un vieux sommier de futon IKEA qui avait résisté à notre grande razzia pour en faire un joli bac à compost. Et à la faveur d'une attaque de créativité difficile à contrôler, on a fabriqué une horloge indus-tuning-récup'-rouillée désormais visible dans la section Handmade with love de ce blog, à côté des quelques autres bricolages et DIY qui jalonnent notre aventure. Les esprits domestiques nous ont témoigné leur gratitude, rendant notre séjour agréable que possible. Autrement dit, on a très bien mangé, bu pas mal de vin et inauguré le barbecue du jardin avec une côte de Limousine inoubliable! Comme de bien entendu quand on passe du temps avec A., on a fait, défait et refait le monde avec lui jusqu'à pas d'heure tous les soirs. Impressionnés comme à chaque fois par sa capacité à ne (presque) pas dormir et mener une existence normale le lendemain!
le barbecue tout juste étrenné et le futon ikea/bac à compost, in situ et déjà à moitié plein.
à l'heure de l'apéro, sous l'oeil bienveillant de l'Esprit gardien du frigo.
On a même escaladé un peu à Saulges (site magnifique, rocher curieux, escalade tout en finesse et équipement... grrrr!). Un beau jour, il a bien fallu se dire au revoir. Et là franchement, lui on ne saurait trop dire, mais quand on est partis, on était tout tristes de le laisser. Après 25 km, il nous manquait déjà beaucoup… C'est l'effet Un(t)raveling: entrer en plein dans le quotidien des gens, amis ou inconnus, ça fait chaud au coeur, ça fait plaisir, et ça laisse des traces! Enfin... il faut savoir se quitter pour pouvoir se retrouver, non?
encore une victime de la route (noter la discrète trace de pneu au milieu).
On a roulé et chassé quelques clichés en chemin, parmi lesquels un beau roadkill inspiré par une série de Trent Parke (sans prétendre que le résultat s'en approche, ni un peu: le sujet nous a fait de l'oeil depuis le bord de la route et a fait écho au docu qu'on avait vu plus tôt dans la semaine). Poussés par la faim, on est entrés dans le Mans la fleur au fusil pour y trouver, consternés, un ballet de Porsche Cayenne et autres Audi A8, service de presse, photographes de tout poil, pouffes en robes cocktail, blaireaux en polo de rugby et grands bourgeois de haute volée en costard à fines rayures. Tout ce beau monde occupé à boire du champagne sur la grand-place, dans une ambiance de festival de Cannes version beauf' à Cabu. C'était les 24 heures du Mans le weekend dernier et on ne saurait trop vous conseiller d'éviter scrupuleusement de passer par là (fut-ce par mégarde) lors d'une prochaine édition! On veut bien essayer de ne pas juger les hobbies des autres, mais franchement, se rassembler pour célébrer cette espèce de grand sacrifice rituel sur l'autel de notre dépendance au pétrole, ça quand même un petit arrière-goût de déni puéril et d'indécence absurde. Nous, on dit ça, on dit rien, hein.
Bref, on a vite pris nos cliques et nos claques pour aller dormir près de D., village adoptif d'Alain Delon. Installés au bord d'un étang bucolique et désert, on a découvert le lendemain matin, médusés, une quinzaine de voitures, une tente d'animation avec sono et buvette et des rangées de pêcheurs alignés le long de la rive, tout absorbés qu'ils étaient par le concours de pêche de l'asso départementale du Loiret. Un(t)raveling, ou l'art de se fourrer sans le savoir là où il se passe quelque chose de croustillant…




et la dernière survivante qui vous racontera peut-être la suite du jardin avec vue sur la Mayenne,



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