Monday, September 15, 2014

un régime Dolo-mythique / una dieta Dolo-mítica (#10)


Jour 10: via ferrata delle scalette à la Torre di Doblin (2615m, D+ 390m) et
via ferrata De Luca-Innerkofler au Monte Paterno (2740m, D+ 525m)


Après que le Saint-Pierre local nous a ouvert les portes de son paradis minéral - non sans lâcher au passage deux blagues douteuses sur l'Espagne, la crise et sa surprise de voir fonctionner notre carte de crédit - on a suivi la fameuse route mal asphaltée qui serpentait à travers champs (élysées) pour déboucher trop vite sur un parking digne d'un bon centre commercial de province, pour ne pas dire du parc Walibi-Schtroumpf (le bonheur à quelques kilomètres de Longwy). Il y avait là tout ce que l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse et l'Italie comptent de coupés Mercedes, de Jaguar et de SUV BMW de mauvais goût, mais aussi le club hollandais des amis du coupé Mazda, la section munichoise des IDHD (Infortunés Détenteurs de Harley-Davidson) et même deux Aston Martin de provenance inconnue, étonnamment garés tout autour du refuge Auronzo, selon une loi tacite de proportionnalité inverse de leur distance à la porte en relation à leur prix. Pour ce qui est de la plèbe et donc à deux ou trois cents mètres de là, des hordes de beauf's gesticulants et bruyants s'affairaient parmi les troupeaux de leurs autobus fumants et grondants, qui avec ses bâtons télescopiques de marche nordique, qui avec son téléobjectif gros comme un saucisson à l'ail, qui, enfin, mouette parmi les mouettes, essayant de se faire passer pour Kilian Jornet… en vain. Juste derrière les autobus, enfin, reléguée tout au fond du parking, à l'abri des regards dédaigneux, la zone réservée aux camper-vans et autres camping-cars. Gratuite, plane et confortable, bénéficiant de vues à couper le souffle sur le Monte Piana, le groupe des Cadini et la face sud des Tre Cime (dont seules deux sont visibles) cette aire autorisée est sans aucun doute la plus luxueuse que nous ayons vue en deux mois en Italie! Une fois installés et non sans avoir salué nos voisins (un couple charmant de retraités allemands de Brème et un groupe de grimpeurs catalans) on a donc remonté, à pied, toute l'échelle sociale jusqu'aux Aston Martin, pour aller prendre un capuccino bien mérité au refuge Auronzo. En fait de refuge, il s'agit plutôt d'un hôtel Ibis déguisé, avec restaurant self-service à salon panoramique, boutique de souvenirs: un festival de cartes postales kitsch, porte-clefs piolets ou edelweiss et autres marmottes siffleuses en peluche… Dès que le filtre pour accéder à la montagne n'est plus la durée de la marche d'approche mais le prix du péage, on s'expose à ce genre de théâtre de variétés. "Ça fait vivre les vallées" et "C'est ce que veulent les gens"... Pour rentabiliser au maximum nos 24 heures dans le parc à thème, on a décidé d'aller dormir tôt et de se lever avant la foule pour essayer de faire deux "petites" ferratas autour des Tre Cime le lendemain. Il faut dire qu'au soir du jour 9, on commençait à bien sentir la fatigue. Sitôt dit, sitôt fait, douche tchèque, joli coucher de soleil, soupette de légumes de saison au speck et au lit.
Día 10: via ferrata delle scalette a la Torre di Doblin (2615m, D+ 390m) y
 via ferrata De Luca-Innerkofler al Monte Paterno (2740m, D+ 525m)


Después de que el San Pedro local nos abriera las puertas de su paraíso mineral - no sin soltar antes un par de bromas acerca de España, la crisis y su sorpresa al ver que nuestra tarjeta bancaria funcionaba - continuamos por la famosa carretera mal asfaltada serpenteando a través de campos (elíseos) para ir a dar enseguida a un parking digno de un gran centro comercial de provincia, por no decir que se parecía al gran parque de los Pitufos. Parecía una convención de coches deportivos Alemanes, Austríacos, Suizos e Italianos: Mercedes, Jaguar y SUV BMW de mal gusto, el club holandés del Mazda coupé, la sección muniquesa de DPHD (Desafortunados Propietarios de Harley-Davidson) e incluso dos Aston Martin de origen desconocido,  todos ellos aparcados sorprendentemente cerca, casi cercando el refugio de Auronzo, según una tácita ley de proporcionalidad inversa entre la distancia de la puerta y el precio del vehículo. En lo que respecta a la plebe, dos o trescientos metros más allá, hordas de ciudadanos medios, conservadores y sin amplitud de miras (que si no fuera porque estamos en Italia los llamaríamos sencillamente "españolitos de a pie") se agitaban escandalosos entre los autobuses humeantes y ruidosos, cada cual su locura: unos con palos telescópicos de marcha nórdica, otros con teleobjetivos gordos como salchichones, y los más gaviotas  pretendían con sus vestimentas de marca  hacerse pasar por Kilian Jornet… en vano. Justo detrás de los autobuses, relegada al fondo del parking, protegida de las miradas desdeñosas, la zona reservada a las furgonetas camper y similares. Gratuita, plana, cómoda y con excelentes vistas al Monte Piana, el grupo de los Cadini y a la cara sur de las Tre Cime. Éste era, sin asomo de duda, el más lujoso jardín que habíamos tenido en dos meses por Italia! Una vez instalados, no sin antes haber saludado a los vecinos (una amable pareja de alemanes de Bremen y un grupo de escaladores catalanes) subimos a pie por la escala social hasta los Aston Martin, para ir a tomar un capuccino en el refugio. De hecho, más que un refugio es un hotel Ibis disfrazado, con restaurante self-service, salón con vistas y tienda de souvenirs: un festival de postales kitsch, llaveros en forma de piolets, flor de edelweiss o marmotas de peluche silbadoras… A la que el filtro para llegar a la montaña deja de ser el tiempo que hay que andar para pasar a ser el precio del peaje, uno se expone a este espectáculo de circo, "Esto da vida a los valles" y "Es lo que quiere la gente", y lo que quieran. Para rentabilizar al máximo nuestras 24 horas en el parque temático, decidimos ir pronto a la cama y levantarnos antes que la muchedumbre para intentar hacer un par de ferratas al día siguiente por los alrededores de las Tre Cime. Hay que reconocer que la noche del día 9, empezábamos a sentir la fatiga. Dicho y hecho, ducha checa, puesta de sol, sopa de verduritas a la speck y pa la piltra.
Ferrata delle scalette a la Torre de Doblin: levés avec le soleil, on a laissé le parking à l'heure où les plus courageux de nos voisins se faisaient à peine chauffer le café. Le chemin qui contourne par l'Est les tours de Tre Cime gagne rapidement le petit col et le refuge de Lavaredo et nous conduit en une petite heure au refuge Locatelli, dont la terrasse est une invitation à contempler la face Nord des trois cimes les plus célèbres du panthéon alpin… On en oublierait presque les objectifs du jour. La Torre di Doblin est un petit sommet sans prétention mais très élégant, un belvédère aérien d'où les Tre Cime sont encore plus belles dans la lumière du matin. La ferrata qui remonte toute sa face nord-ouest est en fait la remise au goût du jour de l'itinéraire qui menait, durant la Grande Guerre, des bunkers de la base à l'observatoire d'artillerie situé à son sommet… Là encore, penser à la guerre, aux soldats, à l'hiver, aux combats et au front autrichien sur les crêtes d'en face donne le vertige et la nausée, plus que n'importe quel pas d'alpinisme exposé. L'ascension est raide et le parcours ludique, même si les vestiges de cheminées, murs et plates-formes de bois vermoulu jonchées de barbelé rouillé ne donnent pas particulièrement envie de rire. Si l'arrivée au sommet et le panorama depuis la croix sont merveilleux et magiques, s'en arracher pour redescendre par une autre ferrata en face sud-est, entre éboulis et marches d'escalier taillées grossièrement est un mal nécessaire. On sent le mal aux jambes du dénivelé accumulé en 9 journées actives sur 10. Les courbatures des épaules et du dos tirent, les bretelles des sacs frottent et le soleil qui a réussi à se glisser entre les nuages et entre les vêtements, a laissé quelques morsures ici et là… Le retour au plancher des vaches et au refuge Locatelli est très rapide, et après avoir hésité (la fatigue, décidément, est bien là), on décide de s'offrir quand même le Monte Paterno avant de repartir. Qui sait quand on aura l'occasion de revenir?
Ferrata delle scalette a la Torre de Doblin: despiertos con el sol, dejamos el parking y nos despedimos de los vecinos que, a esa hora, recién se calentaban el café. El camino que rodea por el este las torres de las Tre Cime llega rápidamente a un pequeño paso y nos lleva en poco menos de una hora al refugio Locatelli, donde la terraza es una invitación a contemplar la cara Norte de las tres cimas más célebres del panteón alpino… Pero no nos olvidáramos de los objetivos del día. La Torre de Doblin es una pequeña cima que sin ser pretensiosa tiene una elegancia sin par, un peñasco desde donde las Tre Cime son aún más bonitas con esta luz del alba. La ferrata que sube por la cara noroeste es de hecho un revival de un viejo camino de guerra que iba desde los búnkers a los pies de la torre pies hasta el observatorio de artillería en la cumbre… Una vez más, el pensar en la guerra, en los soldados, el invierno, los combates y el frente austríaco en las carenas del otro lado nos da vértigo y náuseas, más que cualquier paso expuesto haciendo alpinismo. El ascenso es escarpado y el trayecto lúdico, aún sin hacernos especialmente gracias las plataformas de madera carcomida cubiertas con restos de alambradas herrumbrosa, los muros que se desmoronan y las estrechas chimeneas. Si la llegada a la cima y la vista panorámica desde la cruz son mágicas y maravillosas, bajar por otra ferrata en la vertiente sureste es el mal necesario, entre guijarros y escaleras talladas groseramente en la roca. Se nota el cansancio en las piernas del nivel acumulado en los 9 días activos precedentes. Duelen las agujetas en los ombros y la espalda, las tiras de la mochila molestan y el sol que llegó a deslizarse entre las nubes y a través de las ropas dejó alguna que otra tarascada aquí y allá… La vuelta al refugio Locatelli es muy rápida, y después de algunas dudas (el cansancio está definitivamente presente), terminamos por obsequiarnos con el ascenso al Monte Paterno antes de la partida. Al fin y al cabo, quién sabe cuando podremos volver a este lugar?
Ferrata De Luca-Innerkofler au Monte Paterno: depuis le refuge, un sentier évident mène à une galerie (encore une!) de la Grande Guerre et celle-ci monte jusqu'au départ de la ferrata. On s'arrête sur un petit balcon au soleil pour finir nos restes du petit déj': un peu de pain et de speck, une banane et du muesli. Puis on allume les frontales et on attaque calmement la montée, régulière mais franchement raide, dans la galerie. Après une dizaine de minutes, on sort en pleine face Est du Monte Paterno et on suit le tracé évident de la ferrata le long d'un couloir étroit de roche friable. Quelques ressauts d'escalade facile et on rejoint la voie normale à un petit col, où il nous faut faire la queue pour la dernière partie de la montée, partiellement équipée et vraiment exposée. La brume monte très vite et une fois au sommet, on ne voit absolument rien alentour, si ce n'est le gros groupe d'allemands - une vingtaine au bas mot - qui occupe méthodiquement TOUS les rochers plats et confortables du sommet, à grand renfort de sacs à dos, cordes, nappes de pique-nique et étalages d'habits pour marquer leur territoire. On ne traîne pas et on redescend aussitôt, pour tomber sur un couple de retraités, allemands aussi, qui ont le pied peu sûr et l'air terrifiés par la brume… Elle sourit nerveusement et demande de l'aide, lui répète en boucle "tunnel? tunnel? tunnnnnnnnel!!!" en nous dévisageant. On les prend donc avec nous et on les fait descendre jusqu'au col, en leur tenant les pieds dans les ressauts et en leur disant que tout va bien et que le (bout du) tunnel n'est plus très loin. Arrivés au col, on leur montre le panneau qui indique le refuge, la ferrata de descente (si ce n'est pas par là, par où donc sont-ils montés?) et même, tout en bas, l'entrée de leur fameux tunnnnnnel!!! Ils nous saluent avec des mots d'amour et des louanges que nous ne comprenons hélas que grâce au contexte, tandis que nous descendons par la voie normale. Loin d'être facile, celle-ci est raide et exposée sur un très mauvais terrain, mais offre le grand tour du Monte Paterno par le Sud-Est, pour finalement gagner par un vire étroite un petit col d'où l'on retrouve les Tre Cime perdues dans la brume, avant de retourner au Col de Lavaredo en longeant le pied escarpée de la Croda Passaporto. À notre surprise et pour notre grand plaisir, les dernières minutes du circuit se font en rampant dans une mini-galerie aussi oppressante qu'amusante.
Ferrata De Luca-Innerkofler al Monte Paterno: pasado el refugio, un sendero evidente lleva hasta una galería (otra!) de la Gran Guerra y ésta sube hasta el inicio de la ferrata. Nos detenemos en un pequeño balcón al sol para terminar las migas del desayuno: un poco de pan y de speck, un plátano y un poco de muesli. Con las energías repuestas, encendemos los frontales y atacamos la subida sin prisa pero sin pausa, galería adentro. Al cabo de unos diez minutos, salimos a la cara este del Monte Paterno y seguimos lo que parece la traza de la ferrata a lo largo de un pasillo estrecho de roca descompuesta. Algunos resaltos de escalada fácil hasta encontrarnos con la vía normal de subida a la altura de un pequeño cuello donde hay que hacer cola para la última parte de la subida, parcialmente equipada y francamente expuesta. La bruma sube rápidamente y una vez arriba, no se ve absolutamente nada alrededor excepto un grupo numeroso de alemanes  - una veintena por lo menos  - que se distribuyen metódicamente por todas las rocas cómodas de la cima acompañados de notable despliegue de mochilas, cuerdas, chaquetas y manteles de picnic, visiblemente en un intento de asegurar(se) la zona. Así pues, no nos dormimos en los laureles de la cima y nos disponemos a bajar, seguidos ahora de cerca por una pareja de jubilados, alemanes también, con pie poco seguro y al parecer aterrorizados por la niebla. Ella sonríe nerviosamente pidiendo ayuda, y él repite sin parar "tunnel? tunnel? tunnnnnnnnel!!!" con insistencia. Los adoptamos para un trozo del camino, les ayudamos a tomar pie e intentamos tranquilizarles. De vuelta en el pequeño cuello, les mostramos el cartel que indica el refugio, la ferrata de descenso (si no es por allí, por donde deben haber subido?) e incluso más abajo a lo lejos la entrada de su famoso tunnnnnnel!!! Nos saludan con palabras cariñosas y alabanzas que no entendemos más que por el contexto y nos despedimos para bajar por la vía normal, Lejos de ser fácil, la bajada es un terreno empinado y resbaladizo pero la oportunidad para dar una gran vuelta al Monte Paterno por el sureste y luego, bordeando el escarpado pie de la Croda Passaporto llegar por una estrecha cornisa al paso donde se encuentran las Tre Cime escondidas tras la bruma. Para nuestra sorpresa y gran placer, los últimos minutos de este hermosos itinerario circular transcurren reptando por una galería minúscula tan claustrofóbica como divertida.
Retour au plein jour sous la lumière de midi, pour trouver des nuées de mouettes en liberté sur le boulevard entre les refuges Locatelli, Lavaredo et Auronzo. L'arrivée au TRANSITion! se fait au pas de course, un plat de penne rigate au pesto nous remet d'aplomb, et avant que les carrosses ne redeviennent des citrouilles, nous redevenons mortels laissant les portes du paradis se refermer derrière nous… Avec une forte probabilité de pluie pour le jour suivant et les corps qui nous demandent une trêve, on met le cap sur le col de Falzarego et les très photogéniques Cinque Torri pour, peut-être, escalader quelques couennes le lendemain. Pour l'heure, mission J10 accomplie, Buika et Chucho nous bercent sur la route qui redescend vers C.d'A., puis remonte tout en virages vers le col de Falzarego…
De vuelta a la luz del mediodía, nos encontramos con multitudes de gaviotas en libertad por el bulevar que discurre entre los refugios Locatelli, Lavaredo y Auronzo. La llegada a la TRANSITion! a paso de marcha rápida, un plato de penne rigate al pesto que nos trae de vuelta al mundo, y antes de que las carrozas se conviertan en calabazas, nos volvemos mortales dejando atrás las puertas del paraíso que se cierran tras de nosotros… Con una fuerte probabilidad de lluvia al día siguiente y los cuerpos que nos piden una tregua, ponemos rumbo al paso de Falzarego y a las muy fotogénicas Cinque Torri para escalar, si es que nos quedan fuerzas, al día siguiente. Por el momento, misión del día 10 cumplida, Buika y Chucho nos mecen en la carretera de vuelta a C.d'A., y luego zigzagueamos hacia el paso Falzarego…

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